ELECTIONS AU PARLEMENT EUROPEEN:

REJETEZ LES PARTIS DU CAPITAL!

"Du point de vue des conditions économiques de l'impérialisme, c'est-à-dire de l'exportation de capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales « avancées » et « civilisées », les Etats-Unis d'Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles ou bien réactionnaires." Lénine en août 1915 (1)

Depuis des décennies, les médias prêchent l'importance de "l'Europe". L'Union Européenne a été créée pour rendre les « nécessiteuses » puissances capitalistes européennes à nouveau concurrentielles dans le monde entier. La base de ce projet était un compromis entre les impérialismes français et allemand, dans lequel de plus en plus de pays d'Europe ont été intégrés. Malgré tous les progrès dans la création d'un marché commun, le projet d'unification de l'Europe sur une base capitaliste est resté un rapiéçage. L'unification de l'Europe capitaliste ne progresse pas. Les bourgeoisies européennes n’ont pas réussi à fusionner, même pas au niveau de leurs secteurs-clés. En dépit de la « globalisation », les principaux conglomérats du capital, qui travaillent tous sur les marchés internationaux, demeurent en réalité liés aux États nationaux dans lesquels ils ont été établis et dans lesquels la majorité des actionnaires résident.

L'Union Européenne ne prélève pas elle-même de taxes, ne possède pas ses propres organes de défense (armée et police). Et à présent, au cœur de la crise, elle n’est même pas capable d'agir d’une seule voix. Chaque État agit de son propre chef, en premier lieu l'Allemagne.

Et là où il y a coordination et coopération, les gouvernements des pays membres décident entre eux. En conséquence, le Conseil des ministres constitue l'unique organe de décision de l'UE. Ses résolutions et ses décisions qui, jusqu'à présent, devaient être prises à l'unanimité, sont obligatoires pour les États membres en vertu du traité de l’Union Européenne. Pourtant, ces décisions sont en règle générale peu discutées publiquement. Les gouvernements nationaux se soustraient à tout débat politique en argumentant qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’exécuter les "décisions de Bruxelles". Ils cachent leur propre responsabilité dans la prise de ces décisions. Une part toujours croissante de la politique antisociale des classes dominantes d'Europe est aujourd'hui mise en pratique par le biais de l'Union Européenne. Ainsi, l'Union Européenne est un instrument de plus en plus important de la dictature de fait du capital.

Les classes dirigeantes d'Europe tentent de cacher la nature dictatoriale de leur domination de deux manières.

Dans les pays membres, ils se dérobent au débat politique sur leur politique européenne. Ils tirent profit de l'absence d’une opinion publique européenne et, par conséquent, ne doivent faire face qu’à une somme d’opinions publiques nationales isolées les unes des autres. En plus, ils bénéficient du fait que le mouvement ouvrier, sous la domination des partis socialistes et communistes, n’est plus organisé au niveau international. À cela s'ajoute que, dans les débats menés au sein de Parlement européen, qui est quasi entièrement démuni de pouvoir et de compétences, on ne discute de rien. Les problèmes européens ne sont donc l'objet d’aucun débat politique dans les pays membres.

Néanmoins, ceux qui sont au pouvoir maintiennent cette farce que sont ces élections au pseudo-parlement européen. Cela fait figure de «démocratie», alors qu’il s’agit seulement d’une façade sans aucun contenu démocratique. Le pseudo-parlement européen est tout au plus une voie de garage pour politiciens au rebut et/ou de deuxième, voire de troisième classe, entretenus par des indemnités parlementaires considérables.

Dans ces conditions, vouloir se battre pour une « Europe sociale » dans ce Parlement qui bouge à peine, est, dans le meilleur des cas, une sottise politique illusoire. Pourtant des partis comme « Die Linke » ou la majorité du DKP (Parti Communiste Allemand), qui, comme « Die Linke », fait partie du « Parti de la gauche européenne », organisé au niveau européen, exigent cela. Cependant, la danse des fantômes du Parlement de Strasbourg ne fera pas avancer la classe ouvrière européenne d’un seul pouce.

Notre attitude envers les élections au Parlement européen:

Nous pouvons comprendre que beaucoup de socialistes ne se préoccupent pas des élections pour ce pseudo-parlement européen. La baisse du nombre de participants aux élections démontrent que les salariés et une grande partie des classes moyennes considèrent l'Union Européenne comme une institution réactionnaire, dont ils ne peuvent influencer les activités, même pas en apparence. Les différentes élections dans les États membres n'ont en fait aucune signification politique européenne. Mais, dans tous les États de l'Union européenne, ils sont un baromètre national du sentiment dominant. Une victoire pour les partis bourgeois encouragera ceux-ci à intensifier davantage leur offensive réactionnaire contre la classe des salariés et la jeunesse. C’est la raison pour laquelle nous rejetons un boycott des élections.

Au contraire, à l’occasion de ces élections, nous, Initiative Marxiste, appelons à donner une leçon aux partis bourgeois.

Comme en Allemagne aucun parti marxiste-révolutionnaire, ancré dans les luttes sociales, ne présente sa candidature, nous appelons à voter pour « Die Linke » - bien que ce parti ne dispose ni d’un concept politique vraiment anticapitaliste, ni d'une politique viable au niveau international pour la défense des intérêts même ponctuels des salariés.

S’organiser au niveau international contre la guerre et le capital !

L’ internationale réactionnaire du capital européen doit être combattue par la solidarité internationale de la classe ouvrière. Une politique ouvrière au niveau européen doit/devrait signifier l’organisation d’actions coordonnées au niveau international contre les alliances réactionnaires des puissances capitalistes de l'Europe. Des actions, comme la manifestation contre l'OTAN à Strasbourg ou la journée d'action syndicale européenne contre la crise le 16 mai ne suffisent pas. Nous avons besoin d'une lutte contre la politique réactionnaire menée par les directions syndicales social-démocrates. La politique de concurrence entre différents sites du même groupe industriel[2], brise la solidarité internationale de classe contre le capitale monopoliste international et permet à chaque bourgeoisie d'opposer « sa » classe ouvrière à celle des autres pays.

De même, nous avons besoin d'une lutte commune contre les guerres impérialistes, comme en Irak et en Afghanistan.

La crise actuelle a révélé l'impuissance des puissances impérialistes face à la crise du capitalisme. Leur recette pour en sortir est partout la même politique "traditionnelle": chômage de masse, paupérisation de larges couches de travailleurs, militarisation de la politique intérieure et extérieure du pays, jusque et y compris la guerre. Aucun appel au retour du bon vieux temps du miracle économique ne pourra y remédier. La seule chose qui peut aider les travailleurs, c’est l'organisation de la résistance dans les entreprises, dans la rue et dans les centres de formation. Cela apportera plus et plus vite que l'un ou l’autre élément isolé de l’ancienne protection sociale. Il s’agit d'une lutte d'ensemble.

Nous avons besoin d'un parti ouvrier révolutionnaire international. Nous voulons contribuer à ce que ce parti se construise dans ces luttes. Nous sommes encore au tout début et nous avons pour cela besoin d'aide. Participez ! Prenez contact avec nous!

Socialisme ou barbarie!

Pour les États Unis Socialistes d’Europe !

Initiative Marxiste, le 27 mai 2009


Notes:

[1] Lénine, « A propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe », Œuvres, tome 21, p. 352

[2] « Standortkonkurrenz »: politique des dirigeants d’un même groupe industriel consistant à monter les travailleurs d’un site contre les travailleurs d’un autre site, tant au niveau national qu’international. Le but des capitalistes est de pousser les travailleurs consentent «librement» à travailler plus pour moins, de peur de perdre leur emploi. A cette politique les capitalistes associent volontiers partis et surtout syndicats réformistes. Ceux-ci n’hésitent pas à exploiter à fond les craintes des travailleurs et ne reculent pas devant l’utilisation d’arguments nationalistes et corporatistes. Il s’agit d’une forme accrue de collaboration de classe entre capitalistes et réformistes aux dépens des acquis des travailleurs. Le lecteur peut voir des expressions récentes de cette politique chez Général Motors-Opel et chez Continental.